une rue… de Paris

Cette rue va de la rue de la Huchette au Quai Saint Michel. On dit que c’est la rue la plus étroite de Paris. Faut voir.


Ce nom est sans doute très ancien. On en trouve plusieurs explications.


Voyez sur le site de  Paris à nu ; il y a de superbes photos et même une très belle chanson par le groupe suisse “Recto Verso”.

Certaines explications sont extraordinaires. Une enseigne (voyez un peu plus loin) aurait fait allusion au proverbe “Aller voir pêcher les chats” qui signifie se laisser persuader facilement. Bon. Une légende raconte qu’un chanoine alchimiste se faisait aider par un chat (noir bien sûr) qui le nourrissait des poissons pêchés par lui, avec ses griffes, dans la Seine au bout de la rue. Des étudiants (on est au quartier latin, n’est-ce pas ?) auraient tué ce chat qu’ils jugeaient diabolique, et jeté son corps à la rivière. Mon Pickwick aurait protesté.

La rue, avant le 19e siècle, suivait la pente jusqu’à la rivière. Il y aurait eu un puits qui communiquait avec la Seine et les chats y pêchaient de jolis poissons ; les alevins devaient sans doute franchir la vase et les graviers… Douteux. Il y avait des enseignes, comme celle-ci qui se trouve à côté, rue de la Huchette :

Très intéressante, est la théorie du rébus. Les enseignes avaient évidemment un but commercial et l’image qu’elles représentaient faisait penser à l’expression “chaque y pêche“, c’est-à-dire “chacun trouve ce qu’il désire“. Comme ce blog, quoi, où on peut trouver de quoi rêver.

Si vous lisez L’Illustration du 21 novembre 1936, (cliquez, c’est gratuit et si les images sont en noir et blanc, elles sont belles et didactiques
vous trouverez une belle explication philologique. Un auteur appelé R. Pujol (attention, ce nom est occitan, alors que la rue du chat qui pêche se situe en pays de langue d’oïl), pense que c’était gat (dans ce blog on aime le gat amagat, qui se cache bien), qu’il y a un rapport avec le mot sanscrit ghat ou ghati qui signifie débarcadaire (voyez ce qu’on fait sur les ghats du Gange). La Seine n’est pas une rivière sacrée comme le Gange, mais non loin il y a la cathédrale, dont la plus belle vue est depuis le square Viviani, à deux pas.
Donc, le lieu s’appelait pesca-gat c-à-d le débarcadaire de la pêche ! C’était le lieu d’arrivage du poisson, et c’est devenu chat qui pêche. CQFD.

Choisissez.

Un roman porte le nom de notre rue comme titre : La rue du chat qui pêche, paru en 1937 chez Albin Michel. L’auteur en est la romancière hongroise Yolande Foldès (son nom en hongrois est Jolán Földes, 1903-1963). Il a été traduit du hongrois par Denise Van Moppès à partir de A halászó macska utcája. En 1936 (et c’est le point de départ de l’article de L’Illustration), le roman avait gagné le Grand Prix International du Roman, été traduit en douze langues et obtenu un grand succès. Il raconte la vie dramatique d’une famille d’émigrés hongrois ; c’est ce qu’avait connu la romancière pendant plusieurs années.
Le roman a été réédité en 1986 par le Livre de Poche avec une jolie couverture représentant la rue. Il en existe une édition de luxe parue à Gand en 1947 avec des bois de Frans Masereel. En cliquant sur le nom de l’artiste, vous en verrez un qui vous intéressera particulièrement.

Une partie du commentaire de 5Arabella le 20 juillet 2016 sur amazon, pour la réédition en Livre de Poche, parle ainsi de l’endroit :
Rue du Chat-qui-Pêche… une rue pour rire : on la traverse en deux pas ; en moins de trente, on la parcourt ; mais on trouve à Paris de ces étonnantes ruelles pas plus longues que la queue d’un lapin, et cela non seulement dans les faubourgs, mais même en plein centre, tout près des voies animées. La rue du Chat-qui-Pêche aboutit à la Seine, reliant le quai Saint-Michel à la petite mais très vivante rue de la Huchette. En débouchant sur le quai, vous, avec les deux tours massives et les gargouilles de Notre-Dame à votre droite, et le mur de le préfecture de police en face. Ce qui prouve bien que cette rue est située dans un quartier honorable et au cœur même de la ville.”

Des enseignes, il y en a d’autres, et pas seulement à Paris. Pour terminer, nous vous proposons celle d’un restaurant de Bruxelles.

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