brindilles (suite et fin)

Rayan était toujours là, il dormait lui aussi. Il y avait maintenant davantage de monde sur la plage. Pas étonnant avec la chaleur qu’il faisait.
Le ciel était tout différent. Davantage de nuages mais le soleil brillait encore très fort. Elle se mit à dériver dans sa tête. Elle aimerait faire un grand voyage en flottant au-dessus des arbres puis des maisons puis des arbres encore. Elle aurait comme un petit bateau/planeur où elle irait, toute couchée, vers un pays merveilleux. Elle dormirait parfois. Le voyage continuerait. Elle arrêterait son bateau dans une crique, parmi les branches qui retombaient. Elle nagerait. Elle ne pensait pas à Rayan. Il n’existait pas dans ce rêve.


On disait qu’il ne fallait pas nager dans la rivière. Il y avait de gros poissons, paraît-il affamés. Tout était bon pour eux. Les pêcheurs les laissaient tranquilles car leur chair n’avait pas de goût et les attraper était très difficile. Comme de gros poissons-chats. Elle avait vu des photos dans le journal ou c’était à la télé ce fêlé qui se frottait à eux, l’hiver bien sûr, ces bêtes étaient assoupies.

Elle rouvrit les yeux. Rayan était assis à côté d’elle.
—  Je peux aller me baigner ?
D’abord elle ne dit rien. C’est vrai il y avait des gens dans l’eau et il faisait si chaud. Elle dit oui.
— Je vais nager jusqu’au bâton qu’on voit dans l’île. C’est pas loin.
Avant qu’elle ait pu réagir, il était parti en courant. Elle le voyait bien. D’abord il avait marché dans l’eau. rien que ses jambes étaient mouillées. Puis, l’eau lui arrivant à la taille, il s’était mis à nager devant lui, vers le bâton dans l’île.
Martine était assise. Il y avait des gens dans l’eau, là où son fils se trouvait. Il ne fallait pas s’inquiéter. Pas loin, sur le sable, et déjà les pieds dans l’eau, des ados jouaient au ballon. Curieux, ils ne disaient rien. Pas un cri. Le silence continuait. Sauf, un peu plus loin, une conversation. Elle l’entendait mais ne la comprenait pas. Une langue bizarre. Ce n’était pas de l’italien, ni de l’arabe, ni rien qu’elle aurait pu reconnaître.

Elle aperçut Rayan qui arrivait sur le banc de sable. Il lui fit un signe. Elle lui répondit en lui indiquant par des gestes qu’il devait revenir. Il n’y avait personne avec lui : les gens n’avaient pas poussé jusque là. Au-delà, de l’autre côté du banc de sable, l’eau commençait à se rider : on en voyait le mouvement. Elle vit qu’il était assis sur le sable. Il devait être fatigué. Elle éprouva une grande anxiété mais c’était trop loin, elle ne pouvait rien faire.

Si, elle pouvait aller à sa rencontre. Martine mis ses affaires en tas et les porta à un groupe de gens, une famille, à quelques mètres de là. Elle dit quelques mots puis se dirigea vers l’eau. Il faisait chaud. C’était bon. Très vite elle s’allongea. Il n’y avait pas encore assez de fond mais elle commença à nager. Elle ne voyait plus Rayan mais elle savait que c’était par là. Il y avait des gens à droite et à gauche. Assez vite elle vit l’îlot et Rayan qui nageait vers elle, mais sans la voir.
Elle pensa un instant qu’elle pourrait se mettre sur le dos et partir à la dérive, comme dans le rêve. Elle ferma les yeux, les rouvrit ; son rêve l’avait quittée. Rayan la voyait.
Puis ils nagèrent ensemble, calmes.

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