Adlestrop

Edward Thomas (1878-1917) est un poète britannique d’origine galloise. Les histoires de la littérature le classent parmi les écrivains édouardiens. Connu, notamment pour sa critique littéraire, il écrit de la poésie à partir de 1914. Engagé dans l’armée en 1915, à l’âge de 37 ans, il est tué en 1917 au début de la bataille d’Arras. Pour en savoir plus voir par exemple la notice (en anglais) de Wikipedia, sur Edward Thomas, et celle sur le poème qui suit.

      Yes. I remember Adlestrop—
      The name, because one afternoon
      Of heat the express-train drew up there
      Unwontedly. It was late June.
     
      The steam hissed. Someone cleared his throat.
      No one left and no one came
      On the bare platform. What I saw
      Was Adlestrop—only the name
     
      And willows, willow-herb, and grass,
      And meadowsweet, and haycocks dry,
      No whit less still and lonely fair
      Than the high cloudlets in the sky.
     
      And for that minute a blackbird sang
      Close by, and round him, mistier,
      Farther and farther, all the birds
      Of Oxfordshire and Gloucestershire.

 

tentative de traduction… (BC, 18 juin 2016)

      Oui. Je me souviens d’Adlestrop,
      Juste ce nom, parce qu’un après-midi
      De chaleur, l’express s’y est arrêté,
      Imprévu. C’était la fin juin.
     
      Sifflement de la vapeur. Quelqu’un se racla la gorge.
      Personne ne descendit et personne ne vint
      Sur le quai vide. Tout ce que je vis
      C’est Adlestrop, rien que ce nom
     
      Et des peupliers, des épilobes, et de l’herbe,
      Et des reines-des-prés, et des meules de foin séchées,
      Pas moins immobiles dans leur beauté solitaire
      Que les petits nuages, là-haut dans le ciel.
     
      Et pendant cet instant un merle chanta,
      Tout près, et alentour, indistincts,
      Et de plus en plus loin, tous les oiseaux
      De l’Oxfordshire et du Gloucestershire.

Le poème Adlestrop est très connu. D’autres ont dû le traduire, je ne sais pas. C’est un risque. Ceux qui connaissent l’anglais seront indulgents. La poésie ne se laisse pas traduire. C’est une approche. Pas de tentative de faire « poème » qui mènerait à la trahison. Edward Thomas utilisait les termes botaniques (willow-herb, meadowsweet). Le français respecte ce point (épilobes, reines-des-prés). L’Oxfordshire et le Gloucestershire (on prononce trois syllabes) sont des comtés au centre et centre-ouest de l’Angleterre.

On lira (toujours en anglais) la notice sur Edward Thomas dans Poetry Foundation.


Un article de William Langley dans The Telegraph du 11 mai 2014 parle de la gare d’Adlestrop et de la carrière poétique d’Edward Thomas.
On sait que l’épisode de cet arrêt inopiné du train eut lieu le 24 juin 1914, six semaines exactement avant le déclenchement de la Première Guerre Mondiale (voyez l’article de Matthew Hollis dans le New Statesman).
Edward Thomas allait voir Robert Frost. C’est à partir des notes écrites à ce moment-là dans son carnet que six mois plus tard il commença le poème, comme l’explique Hollis dans son livre Now all roads lead to France.

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