Loyre fameux

Loyre fameux, qui ta petite Source
Enfles de maintz gros fleuves, et Ruysseaux,
Et qui de loing coules tes cleres Eaux
En l’Ocean d’une assez lente Course.

Ton chef Royal hardiment bien hault pousse
Et aparoy entre tous les plus beaux,
Comme un Thaureau sur les menuz Troupeaux,
Quoy que le Pô envieux s’en courrousse.

Commande doncq’ aux gentilles Naiades
Sortir dehors leurs beaux Palaiz humides
Avecques toy, leur Fleuve Paternel,

Pour saluer de joyeuses Aubades
Celle qui t’a, et tes Filles liquides
Deifié de ce bruyt eternel.


Le sonnet Loyre fameux… provient de L’Olive (sonnet III), le premier recueil de Joachim du Bellay (1549).

Le poète connaissait le sonnet 208 dans le Canzionere où Pétrarque chante aussi un fleuve et son amour :

Rapido fiume che d’alpestra vena
rodendo intorno, onde ’l tuo nome prendi,
notte et dí meco disïoso scendi
ov’Amor me, te sol Natura mena,
vattene innanzi: il tuo corso non frena
né stanchezza né sonno; et pria che rendi
suo dritto al mar, fiso u’ si mostri attendi
l’erba piú verde, et l’aria piú serena.
Ivi è quel nostro vivo et dolce sole,
ch’addorna e ’nfiora la tua riva manca:
forse (o che spero?) e ’l mio tardar le dole.
Basciale ’l piede, o la man bella et bianca;
dille, e ’l basciar sie ’nvece di parole:
Lo spirto è pronto, ma la carne è stanca.

(soit à peu près : Rivière rapide qui coules de la montagne, / Qui te précipites de là où tu prends ton nom, / Et me conduits, nuit et jour, / Où l’Amour me conduit, où la Nature seule te mène, /Continue d’aller de l’avant : ni le sommeil, ni la fatigue / Ne peuvent altérer ton cours ; avant / D’atteindre la mer, vois vite et clairement  / Là où l’herbe est plus verte et l’air plus serein. / Là tu verras notre vivant et tendre soleil / Qui orne et fleurit ta rive orientale ; / Peut-être (pourquoi espérer ?) s’attardant, douloureux que j’arrive. / Baise ses pieds, ou ses belles mains blanches. / Dis-lui et par tes baisers explique ces paroles  : / “L’esprit a le vouloir, mais la chair est faible.” // BC)

Le poème “Loire fameux…” est chanté ici sur une musique de Pierre Ortion, interprété par le groupe Thé Esse Bé le 19 septembre 2011 à Champtoceaux (49).
Peut-être aimerez-vous entendre, par le même groupe, le poème de Joachim du Bellay “Le vanneur de blé au vent” ; il suffit de cliquer ici.

A vous, troupe légère,
Qui d’aile passagère
Par le monde volez,
Et d’un sifflant murmure
L’ombrageuse verdure
Doucement ébranlez,

J’offre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces vermeillettes roses,
Tout fraîchement écloses,
Et ces oeillets aussi.

De votre douce haleine
Éventez cette plaine,
Éventez ce séjour,
Cependant que j’ahanne
A mon blé que je vanne
A la chaleur du jour.

 
Si vous voulez, d’un clic, vous pouvez regarder le fleuve Loire, ses affluents, son bassin.

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