Tanka des fourmis zompopas

 

Elles défilent,
ouvrières des arbres,
méticuleuses.
Courbes dans la pénombre
leurs syllabes découpées.

 

 

 

[Poème écrit au Costa Rica en 2001, publié dans Abrégé des chemins en février 2002.  Le commentaire suivant et la traduction  (en anglais) sont proposés :
Zompopas or leaf-cutting ants (Atta spp) are common in South and Central America. They cut leaves and carry the pieces into their colonies, marching in line on the forest floor.
They march on, / workers of the forest, / so accurate. / Their cut-up syllables / are curves in the semi-darkness.]

Les ruines dans la forêt

Nous avancions péniblement sur un sentier boueux. Ici et là des flaques mordorées avec parfois un grouillement de tétards. Sur le sol mou, des empreintes animales non déterminées.
Le sentier s’élargissait, le soleil donnait fort, la marche devenait plus difficile.
Puis on nous fit obliquer brusquement sur la gauche à travers bois. Il n’y avait plus de chemin.Nous suivions la progression de la file, en faisant surtout attention où nous posions les pieds.
Le mouvement s’arrêta. On entendait le guide, en tête de la colonne. Il avait sans doute trouvé quelque chose et le commentait, mais sa voix ne portait pas sous le feuillage et les lianes qui descendaient de la canopée. Nous nous rapprochâmes, pour former un demi-cercle autour de lui.

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chants d’oiseaux

Destoupez vos oreilles

Déjà dans ce blog, nous avons écouté le Consert de différents oyseaux d’Etienne Moulinié (billet du 20 mars). Voici d’autres oiseaux.

De Clément Janequin (vers 1485-1558), Le chant des oyseaulx qui date de 1537, au cœur de la période angevine du compositeur. Les paroles sont des onomatopées essayant de transcrire ce langage si subtil :
Frian, frian, frian, frian, frian, frian, frian, frian,
ticun, ticun, ticun, ticun, ticun, ticun,
qui la ra, qui la ra, qui la ra,
huit, huit, huit, huit, huit, huit, huit, huit,
fereli fy, cy ty oy ty oy ty ot ty, trr,
tu, tu, tu, tu, tu, qui lara, qui lara,
ticun, ticun, ticun, ticun, ticun,
coqui, teo, teo, teo, teo, teo, teo, teo, teo, teo, teo,
tar, frian, frian, frian, frian, frian, frian, frian,
tycun, tycun, tycun, turry, turry, turry, quiby.
Trr, qui lara qui lara,
Et huit, huit, huit, huit,
quoi, quoi, quoi, quoi, quoi, quoi, quoi, quoi,
qui lara, ticun, ticun, ticun, coqui, coqui, coqui,
tar, tar, tar, tar, tar, fouquet, fouquet, quibi, quibi,
tu, tu, tu, tu, tu, fouquet, fouquet,
fi, ti, fi, ti, frian, frian, frian, frian, fi,ti, tr,
qui lara, qui lara,
huit, huit, huit, huit,
tar, tar, tar, tar, tar, tar, tar, tar,
trr, trr, frr,trr, trr,trr, trr, qrr, qrr, qrr, vrr, vrr, frr, vrr,
frr, frr, frr, frr, frr, frr, frr, frr,

Fuyez, regretz, pleurs et souci, pleurs et soucy,
Car la saison l’ordonne, fuiez, regretz, pleurs et soucy.
Le chant des oiseaux chasse la douleur. L’œuvre est interprétée ici par l’Ensemble Clément Janequin  : Dominique Visse (contre-ténor), Michel Laplénie (ténor), Philippe Cantor (baryton), Antoine Sicot (basse) et Claude Debôves au luth.

Puis, de Vivaldi, (1678-1741), le concerto pour flûte et cordes en ré majeur Il Gardellino (en italien moderne, cardellino signifie chardonneret).

On entend Jed Wentz (flûte traversière), Manfred Kraemer (violon) et Balázs Máté (violoncelle) ; Musica ad Rhenum, dirigé par Jed Wentz. Ce concerto date de 1728 ou avant.

Presque contemporain, voici Le coucou, (1735), très connu, de Claude-Louis Daquin (1694-1772), ici, tellement mystérieux, dans l’enregistrement de Trevor Pinnock (probablement en 1983). On peut aussi l’écouter dans le clavecin virtuel de Ernst Stolz (en 2016) ou au piano par Phillip Sear.

Bien sûr, nous allons vers El cant dels ocells. C’est un chant populaire catalan, un chant de Noël qui énumère tous les oiseaux (déjà un catalogue) qui viennent célébrer le nouveau-né. Il y a 32 oiseaux (peut-être plus, peut-être moins) ; nous ne les nommerons pas tous ; cela va de l’aigle (àliga en catalan) au grand-duc (duc). Ce chant rassemble les Catalans, c’est plus qu’un hymne national, il fait venir des larmes.
Les programmes l’indiquent quelquefois comme étant l’œuvre de Pablo Casals. Le grand violoncelliste (son prénom véritable c’est Pau, et le mot pau signifie paix en catalan) l’a harmonisé et le jouait toujours au début ou à la fin d’un concert ; ce chant représentait pour lui l’aspiration d’un peuple à la liberté. Le 13 novembre 1961, à la Maison Blanche, invité par le Président Kennedy, il l’a joué en bis (Mieczyslaw Horszowski au piano).

Le premier couplet dit :
Al veure despuntar
el major lluminar
en la nit més ditxosa,
els ocellets cantant,
a festejar-lo van
amb sa veu melindrosa.

Sa traduction est difficile. Le mot mielleuse, souvent employé pour dire la voix des oiseaux, ne convient guère, car il est péjoratif pour un lecteur d’aujourd’hui ; nous lui préfèrerons suave ou délicate. (Mais laissons ces considérations lexicographiques pour le gat amagat.)

A la demande de la chanteuse Marina Rossell, le poète Salvador Espriu a composé en 1984, sur la mélodie, un “nouveau chant des oiseaux” (Nou cant dels ocells). Le recueil où ces vers sont publiés est Per a la bona gent, le dernier paru du vivant du poète.
Le poème n’est plus religieux mais continue à évoquer la Catalogne. L’étude du texte, et sa “laïcisation”, relève aussi du gat amagat.  Il y a 8 strophes dont 3 seulement sont chantées :

Escolta cants d’ocells,
el vent en els penells
de la claror, no gaire
aixec d’ales al blat,
d’on ve, just desvetllat,
el bleix primer de l’aire.

En el meu aspre cor,
intacte, ple tresor,
l’enyor de l’oreneta.
Ja no combat l’esglai
ferint puntes d’espai,
corba subtil, sageta.

Esbat ordits de fum.
Xop d’esplendors de llum,
nu sota l’or del dia,
senyorejant camins,
segueix somnis endins:
et guia l’alegria.

Terminons par la quatrième pièce du Catalogue d’oiseaux (1956-58) d’Olivier Messiaen (1908-1992). L’oiseau inspirateur, longuement écouté en Roussillon par le compositeur, est le traquet stapazin, Oenanthe hispanica à gorge noire.

Traquet oreillard. Famille des Muscicapidés. Ordre : Passériformes

Il est ici joué par le pianiste Håkon Austbø.

Papillon

Marc Papillon est né vers 1555 près de Nazelles, dans le fief de Lasphrise, dont il prendra le nom. Il est cadet de Vauberault ; ce nom, orthographié Vaubrault, figure sur la carte IGN à l’Ouest de Nazelles. Le Val de Vaubrault commence sur la route qui longe le coteau (la D 1) ; le lieu est

d’une grande beauté. Ce gentil vallon dit Marc Papillon de Lasphrise. Plus haut, la vallée porte le nom du poète.

Jamais oublié mais peu connu. Il y a cependant un puissant “effet Papillon“. Foin de la “théorie du chaos” ; grâce à ce poète, le chaos s’éloigne. Jacques Roubaud a donné à ses sonnets une place méritée parmi ceux des autres poètes de la Pléïade dans son anthologie Soleil du soleil (POL, 1990). La même année, le livre de Gérard Delaisement, Papillon de Lasphrise, Poète de Touraine (chez C.L.D.) en donne une présentation complète qui inspire ces lignes.

Ce que nous savons de sa vie provient d’abord de sa poésie même. Au fil de ses 22.000 vers, il interpelle et cite à témoigner ses parents, les femmes qu’il aime (leur nom quelquefois camouflé dans des acrostiches), ses amis, ses compagnons d’armes, les grands qu’il sert, ses collègues en poésie. La famille Papillon était originaire de Guyenne, transplantée en Touraine au 13e siècle :

Or cestuy-là des miens qui l’honora premier
S’appeloit Arnauton renommé bon guerrier,
Qui changea sa Garosne à Loyre près d’Amboyse.

Cadet d’une famille peu fortunée, il commence de bonnes études, mais, orphelin, doit se faire soldat dès 1568, à l’âge de 13 ans. Pendant vingt et un ans il combat dans les rangs catholiques. Sa foi n’est pas celle d’un fanatique :

Je ne veux que mes vers chantent d’aucune secte,
Car le monde volage a trop d’opinions;
L’on a veu, l’on verra, plusieurs religions,
(Manteaux ambitieux des grands que l’on respecte).

Ce scepticisme débouche donc sur la tolérance :

Je veux donc que l’ardeur de ma flame parfaicte
Face luire sans plus mes grandes affections,
Sans blesser le publicq, ny ses dévotions,
Controlant l’action que chaque ame souhaitte.

Il obtient le titre (c’est plus qu’un grade) de Capitaine. Il suit les armées des ducs de Guise et de Mayenne. Il sauve la vie de ce dernier en 1587. Il est hors du pays au moment du massacre de la Saint Barthélémy. Il n’y a aucune part. Il fréquente peu la cour du roi Henri III ; c’est un guerrier. Il fait son devoir de soldat mais il n’aime pas la guerre. Il en dénonce les excès :

Quoi ! Violer, brûler, assassiner le monde,
Dérober, saccager, troubler la terre et l’onde,
Nommes-tu telle horreur un œuvre glorieux ?

Cette lucidité ne peut nous laisser indifférents.
Il reçoit de multiples blesures et, malade, il se retire à Lasphrise en 1589, à l’âge de 34 ans, et passe les dix dernières années à l’écart du monde, ce qui lui évite d’avoir à choisir entre la Ligue et Henri de Navarre. Il meurt probablement en 1599.

Tout sa vie, il lit et se tient au courant des œuvres de ses contemporains. Il parle d’eux et montre qu’il sait les apprécier. Il cite les plus grands, et d’autres, qui aujourd’hui ne sont que des noms :

Je prise de Marot le chef-d’œuvre chanté
En la Muse Françoise ores plus accomplie,
Je prise de Ronsard la science hardie,
Et du Plessis Prevost la docte gravité.
Je prise de Bellay la grand’ facilité,
Qui si sçavamment fluë en parfaicte harmonie […]
Je prise ces sçavans tant prisez des neuf  Filles,
N’oubliant Rabelais, qui est sans compagnon.

Il écrit sans arrêt, notamment de la poésie érotique. Car Papillon aime les femmes et le dit. En 1575, il tombe amoureux de Renée Le Poulchre, novice (elle n’avait pas prononcé ses vœux) dans un couvent du Mans. Il dit sans fard à sa nonnette sa préférence pour l’amour sensuel :

La vie sans plaisir est une mort hideuse,
L’aise que tu reçois d’estre religieuse,
C’est chanter (quel soulas !) jour et nuict en latin.
Bien qu’en psalmodiant ton ame s’esjouisse;
Mais ton honneur mignon, ta bouche, et ton tetin,
Ont malgré les saincts voeus besoing d’autre delice.

Il semble que certains lecteurs ne lui aient pas pardonné cette sincérité sacrilège. Il avait prévenu :

…je ne loge point la laide hypocrisie.

Cet amour sans retour dure deux mois, mais lui fournit la substance de 204 sonnets, 21 chansons, sans compter les stances et les “Poulets d’amour” du recueil Les amours de Théophile !  Vers 1577, il est amoureux de sa cousine,  Polyxène Papillon. Elle est protestante. Elle l’aime mais doit épouser un homme plus âgé. Leur liaison dure cependant six ans, et ce sont les 185 sonnets, 21 chansons, les odes et les élégies de L’amour de Noémie. Ces deux recueils sont publiés en 1597, 20 ans après les faits, dans Les Premières œuvres poétiques du Capitaine Lasphrise.

Cette édition contient un portrait de Papillon dans une gravure de Thomas de Leu ou Leeuw).

Il porte la cuirasse, la main gauche sur son casque encadré de laurier et de charme ; la main droite tient son épée, une palme et du myrte.  Au-dessous, un quatrain décrit le portrait. L’homme apparaît très décidé, agrippé à la vie, mais ses yeux sont rêveurs. La disposition des plantes autour du portrait est comme un chiasme visuel. Le laurier et la palme évoquent le guerrier ; le charme, c’est la mémoire et la rêverie, le myrte est l’un des symboles de la déesse Vénus. C’est Papillon, à la fois soldat et poète.

Une deuxième édition paraît en 1599 (non révisée, ce qui semble confirmer que Papillon était mort) en même temps que les Diverses Poésies. Entre-temps, il s’est marié ; il ne parle pas de sa femme, mais il déborde de tendresse pour sa fille Marguerite, sa “vierginette“, sa “blondelette“, son “Amelette” et sa “mignarde Papillonnette“.

Il y eut un oubli progressif de l’œuvre de Papillon, avec au 19e siècle un rejet venant de critiques prudes, par exemple Blanchemain qui écrit en 1877 : “Ces descriptions voluptueuses, ces cris de passion dévorante sont le triomphe de Lasphrise ; par malheur, il voile trop peu ses tableaux pour qu’il soit possible de les exposer à tous les yeux.” Comme si Ronsard lui-même n’avait pas écrit ses Folastries…  D’ailleurs tous les poètes de la Pléïade ont ignoré l’autocensure hypocrite. Une conséquence grave en est l’absence de Papillon de Lasphrise du canon scolaire et universitaire. Le 20e siècle ne l’a pas mieux servi, jusqu’à l’édition critique de ses œuvres chez Droz (en 1979 et en 1988) et surtout le choix qu’en a fait Jacques Roubaud, puis la monographie accessible de Gérard Delaisement.

La poésie de Papillon est d’une grande virtuosité technique. A l’intérieur de la forme la plus fréquente, le sonnet, Papillon joue avec la longueur des vers, utilisant l’alexandrin, le décasyllabe, mais aussi pratiquant l’impair de 7 syllabes :

Déesse, qui eust pensé
Ta beauté estre si dure,
Mettant dans la sépulture
Ton cœur, mon cœur oppressé ?

ou de 3 syllabes :

Vien mauvaise,
Mon esmoy,
Bine moy,
A mon aise ;
Qu’il te plaise
Si je voy
Que ma foy
Ne t’appaise ;
Qu’en ce lieu
Un adieu
Je te die :
Car je veux,
Amoureux,
Une amie.

Il se livre à des expériences linguistiques audacieuse : sonnets en galimatias, en langage “soudardant” ou en monosyllabes (coint = gracieux, joli) :

Or soit ou non, je te veux, je te prens,
Ton teinct sans fard plaist au jour de mes ans,
Et ton beau corps si coint, si gay, si doux.

Citons le mystérieux sonnet en langue inconnue d’une troublante intensité amoureuse, avec sa chute en clair :

Cerdis zerom deronty toulpinye,
Purois harlins linor orifieux,
Tictic falo mien estolieux,
Eulfiditons lafar relonglotye.
Gerefeluz tourdom redassinye ;
Ervidion tecar doludrieux,
Gesdoliou nerset bacincieux,
Arlas destol osart lurafirie.
Tast derurly tast qu’ent derontrian,
Tast deportulast fal min adian,
Tast tast causus renula dulpissoitre,
Ladimirail reledra survioux,
C’est mon secret ma Mignonne aux yeux doux,
Qu’autre que toy ne sauroit reconnoistre.

Pensons à ce charmant sonnet en “langage enfançon“, qui a pu choquer mais où nous percevons la sincérité et l’honnêteté car l’érotisme le plus torride y est proche de l’innocence absolue :

Je me veux regadé en tes beaux yeux luisans :
Car ce sont les misoirs des amouseux enfans,

Papillon sait aussi être délicieusement élégiaque, comme dans cette notation auditive inattendue :

Le fricfric de sa robe
Eguillonne l’Amant,
Entendant les ramages
De mille oyseaux sauvages.

Ce rappel d’un instant irremplaçable, ce que Joyce nommera une épiphanie, est le témoin de l’authenticité du sentiment amoureux chez Papillon. Quelques années plus tard, la même sensation et le sentiment de désir qu’elle entraîne, sera au centre du poème de Robert Herrick Upon Julia’s Clothes :

Whenas in silks my Julia goes,
Then, then (methinks) how sweetly flows
That liquefaction of her clothes.

Next, when I cast mine eyes, and see
That brave vibration each way free,
O how that glittering taketh me!

Comme les plus grands, Papillon sacrifie aux conventions poétiques. Le carpe diem, par exemple, auquel il sait donner un ton personnel, loin de la grandiloquence. Devant la brièveté de la vie, il sait que “vivre c’est déjà mourir” (Delaisement), et choisit l’amour :

Mais hâte-toi, m’amour, mais hâte-toi m’amie,
Car ja déjà la mort me talonne chez soi…

Ne soyons pas surpris, par conséquent, de la complexité du regard que Papillon porte sur la femme. Il est tendre, sensuel, allumé, critique, ironique, mais pour Papillon la femme est aussi une personne, jamais il ne la réduit à un objet sexuel :

Je veux que l’Amie ait un bel esprit subtil
Orné de la science, un courage gentil
Un mignard entretien, une plaisante audace…

Papillon, marqué par les dures leçons de la vie, garde espoir en l’amour mais est sans indulgence pour le monde. De sa brève expérience de courtisan, il nous dit :

Les Princes de ce regne ont la bouche menteuse,
Qui ne mancque jamais d’ombre de volonté.
J’ai trop esté pipé de leur humeur charmeuse…

Il conclut son long Discours à la France  par un optimisme modéré :

Il faut donc vivre gay en l’infortune adverse.

S’il y a un message d’espoir, en ces temps de guerre civile,  même si “la plume est inséparable de l’estoc” (Delaisement), c’est le poète qui l’apporte :

Pren pitié des François, et appaise leurs Mars,
Afin qu’estant remis en leur doulce franchise
Ils soient plus vertueux r’apprenant les beaux Arts.
Fay que ceux qui viendront vueillent autant apprendre
Comme ceux qui sont naiz sous François glorieux,
Et sous Henry son fils, pour qu’ils puissent defendre
Et de plume et d’estoc l’honneur de leurs ayeux…

Il connaît les absurdités de la vie et ses propres contradictions :

Je m’arreste, je cours, en repos je travaille
Je suis jeune, dispos, je suis vieil, decrepit,
J’embrasse mon plaisir, je creve de despit,
J’ai beaucoup de richesse, et n’ay chose qui vaille.

Malgré la distance du temps et de la langue, Marc Papillon nous est proche. Ancré dans la terre de Touraine, dont il connaît les bonnes choses comme

…la liqueur divine
Sourdante en ton bois tortu,

il est aussi un poète universel et un poète fraternel. C’est l’effet Papillon. Sans lui, rien n’aurait le même goût.

[Les textes et les gravures qui illustrent ce billet proviennent de la BNF, grâce à Gallica. Les photos sont personnelles.]

Exili a Bordeus

43 rue Chauffour. Era l’adreça de Mercè Rodoreda a Bordeus, on va viure tres anys del seu exili entre la tardor del 1943 i la tardor del 1946 (vegeu la biografia de Montserrat Casals, pp. 119-130). En les seves Cartes a l’Anna Murià (laSal edicions de les dones, 1985), descriu la seva vida a Bordeus : “Treballo fins a l’embrutiment per a mal viure. Faig camises de dormir i combinacions per a un magatzem de luxe. Això sí, ho faig magistralment. Tinc una màquina i un maniquí i el meu desig més fervent és de veure-ho tot en flames.” (p. 59) Té poc temps per escriure, entre una camisa i una altra, però comença els contes publicats després de la guerra (Vint-i-dos contes, La meva Cristina).

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Autour d’un livre de Michèle Lesbre : où est le passé ?

Marion du Faouët n’est pas une inconnue. Plusieurs livres ont été écrits sur elle ; on a fait un téléfilm (Marion du Faouët, chef des voleurs, réalisé en 1997 par Michel Favart), donné son nom à des lieux, comme ici à Carhaix :


On trouvera une fiche de Wikipédia (en français) ou de Wikipedia (en breton ou brezhoneg) où sont de multiples références.

Le livre de Michèle Lesbre Chère Brigande, est d’abord une lettre. L’auteur dit :  “je suis une femme qui écrit à une femme” (p.66). Dans une lettre, on donne de ses nouvelles. Ce livre est aussi sur Michèle Lesbre.

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travail

Je voulais, au début de ce blog, saluer le 1er mai.
Je voulais une image pour ce jour. En voici une. Elle a presque un siècle. Bien des choses ont changé, en particulier là où ça se passe…
Il y a peu de temps, dans la catégorie « gat amagat » du blog, où l’on trouve des billets en langue catalane, j’ai donné le titre « Xèspir » à un article sur l’artiste Miquel Clivillé (1897-1943). Regardez-le. Indépendamment du texte, les illustrations valent le détour. Aujourd’hui nous resterons un peu sur son « Saint Prolétaire », paru à Barcelone dans Poble Nou Revista le 1er mai 1926.

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