Censure à la Saint Valentin !

C’était en 2008.
Il y a 10 ans.
Année d’élections municipales qui devaient avoir lieu en mars. Les candidats faisaient campagne en parcourant les rues. Le samedi précédent la Saint Valentin, passant par la place Balzac (nous sommes à Vouvray), au milieu des HLM, certains tombèrent en arrêt, choqués par l’affiche placardée sur la Bibliothèque Municipale.
La voici :

Pour la Saint Valentin, les bibliothécaires avaient pensé mettre en valeur les livres de la Bibliothèque qui parlent de l’amour, comme Roméo et Juliette. Sans vouloir rivaliser avec la BNF qui, à la même époque, montrait son “Enfer”. A Vouvray, une petite exposition avait été préparée. Elle s’appelait “au lit on lit“, comme le dit l’affiche. Je me souviens que sur une étagère il y avait un bout de drap au revers brodé, cela faisait comme un lit (d’où la fine allusion à l’oreiller). Il y avait des livres comme l’œuvre de Shakespeare.
N’avions-nous pas vu la pièce proposée par la BBC (et Zefirelli) où Juliette et Roméo étaient tout nus dans un lit ? Et (plus tard) dans Shakespeare in love, la nourrice, complice, n’essaie-t-elle pas de couvrir les bruits de la literie voisine ?

Un des candidats choqués vint demander le retrait de l’affiche et dit à la responsable de la Bibliothèque qu’elle “pervertissait la jeunesse” avec – en plus – de l’argent public.
Ne voulant pas faire de vagues et affronter une liste électorale, l’ALV (association de bénévoles qui gère la Bibliothèque) décida de changer l’affiche, en y mettant une autre image, à la fois plus érotique mais publique. Les bibliothécaires choisirent la sculpture qui orne la fontaine Médicis au Jardin du Luxembourg à Paris. Combien d’amoureux, au printemps, s’embrassent autour du bassin !
Voici la nouvelle affiche :

Comme Galatée a de beaux seins ! Tout son corps est une invitation à l’amour !
Ce que la photo ne montre pas, c’est l’affreux Polyphème, au-dessus, qui veut pratiquer une censure totale en jetant une grosse pierre sur le couple.
Pour lui, l’amour c’est une liberté qu’il faut anéantir. Dans le bas de l’affiche, un petit texte rappelle brièvement ce qui se prépare.
Peu de jours après, le candidat “choqué” écrivit à la responsable qu’une œuvre d’art “en marbre” était acceptable.
Toutes les opinions, même ridicules, ont le droit de s’exprimer.
C’était il y a 10 ans.
Luttons pour la liberté !

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