Cotlequin

C’est le 20e anniversaire du Printemps des Poètes. Cette manifestation a lieu du 3 au 19 mars.

 

Et les autres moments ?
Certes, le Printemps a lieu le 20 mars. Cette année un mardi.
Mais les autres moments on vit, on lit, on dit de la poésie. Elle est toujours avec nous, et dans ce blog, souvent.
Faut-il nommer ceux qui sont venus depuis le 27 février 2017, quand ce blog a commencé ? Venus avec leurs textes.
Attention : voici un catalogue.
Il y a eu Salomon de Priezac, Queneau, Baudelaire, Salvador Espriu, Marc Papillon de Lasphrise, Robert Herrick, Mercè Rodoreda, Edward Herbert, Gavin Ewart, Hugo, Norge, Wordsworth, Lawrence Ferlinghetti.
Cela fait un an. Il y a eu d’autres noms, mentionnés par-ci, par-là, ou “entre les lignes” comme on dit. Certains sont très connus, d’autres moins, d’autres encore pas du tout.
Continuons.
Aujourd’hui…


Aujourd’hui, voici Le ruisseau de Cotlequin.

C’est un ruisselet qui chemine
        Entre les glais
Sous le troëne et l’églantine ;
Il va du pied de la colline
        Jusqu’au marais.

Son flot clair et léger déferle
        Sur le granit
Et son onde retombe en perles.
Au chant des pinsons et des merles
        Sa voix s’unit.

Autour de mon bras l’eau se plisse
        Et fait un rond
Quand je recherche l’écrevisse
Sous le vieux bouleau que tapisse
        Le liseron.

Quand de ses dents blanches ma mie
        Fera craquer
Une carapace rougie,
Le soir à la table fleurie
        D’un gros bouquet,

Dans sa prunelle cristalline
        Je reverrai
Le petit ruisseau qui chemine
Plein de rayons, sous l’églantine
        Au cœur doré.

L’auteur en est Henri Trillaud (1882-1922). Il était instituteur dans la Vienne, à Vivonne.

Le ruisseau de Cotlequin provient du recueil Sur la Vonne, publié par les Editions Aujourd’hui, collection des Primaires, en 1923. Il a été écrit le 26 mai 1919. On disait aussi Coetloquin ou Coetlequin comme on voit sur d’anciennes cartes :


Aujourd’hui, on écrit Cotelequin ; c’est un lieu-dit situé à l’Ouest de Vivonne. L’IGN nous propose une carte topographique à l’échelle variable, ici 1/17055 (1 cm = 170 m) :


Cette carte me sera utile quand je m’y rendrai au mois de mai prochain. Quatre vingt dix neuf ans après, trouverai-je des glais, des troënes et des églantines ? Et y a-t-il encore des écrevisses ? Le poème parle d’un marais, la carte ne le montre pas, mais comment sont les bords de la Longève ? C’est le nom du ruisseau qui passe à Cotelequin ; tout près de là il se jette dans la Vonne (l’eau, via le Clain puis la Vienne aboutit dans la Loire…) ; jadis il y avait un moulin, indiqué sur la carte du 19e siècle.
Le poème Le ruisseau de Cotlequin est dédié à Henri Pailler (1876-1954). Le poète l’avait connu à Poitiers. Le poème décrit le cadre naturel, les frémissements de l’eau dans le courant. Henri Pailler a toute sa vie représenté les paysages poitevins et creusois, souvent avec une rivière :


Un passage au Musée Sainte Croix à Poitiers s’impose, il y est bien représenté.

[Illustrations :
– Affiche du Printemps des Poètes 2018, œuvre d’Ernest Pignon Ernest.
– Photographie d’Henri Trillaud, vers 1921 (collection particulière).
– Fragment de la Carte d’Etat Major (1825-1866) sur le site Géoportail ou sur le site Remonter le temps.
– Fragment de la carte topographique 2018 sur le site Géoportail.
Henri Pailler, le Moulin de Chasseigne sur le Clain, 1904 (collection particulière).]

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